Le 27 novembre 2004
Chers amis, chers camarades, Lorsque Guy m'a dit qu'il organisait cette rencontre, avec des militants syndicaux, des militants socialistes, et bien sûr des salariés de l'usine Lustucru, en lutte depuis maintenant de nombreux mois, je me suis dit que je me devais de vous apporter, même de loin, même brièvement, mon soutien total, et le soutien de toute la direction du Parti socialiste. Car à bien des égards, la lutte que vous avez entamé, et qui sera bientôt victorieuse, est exemplaire. Exemplaire parce qu'une première fois, les « Lustucru » (je dis les « Lustucru » comme on disait, autrefois, les « Lipp ») ont été victimes de la crue du Rhône, et qu'ils ont su faire face à une direction qui, par derrière, a voulu en profiter pour fermer boutique et délocaliser car il s'agit bien de cela, la filière riz en Espagne. Exemplaire aussi Parce qu'ils n'ont pas abandonné, qu'ils sont restés là, contre vents et marées, occupant les lieux et interpellant la population des environs, la presse, et même, Si j'ai bien compris, notre sémillant ministre de l'économie, qui malgré ses mouvements de bras, n'a pas su faire grand-chose. Exemplaire enfin parce qu'ils ont su, sous l'impulsion de leur comité d'entreprise et des syndicats, montrer à tous qu'il était possible de reprendre la boîte, et de monter un plan crédible pour faire vivre à nouveau la filière riz dans la Région. Je sais le travail que vous tous avez fourni, avec Serge Bonutti, pour, tous ensemble, repousser les frontières de la fatalité. Vous n'êtes certes pas au bout de vos peines. Malgré les différents partenaires que vous avez mis autour de la table, et les investisseurs que vous avez réunis pour ce projet de reprise, il reste un budget à boucler. Mais je ne doute pas un seul instant que vous allez y parvenir. Non pas parce que je suis optimiste de nature, mais parce que tout ce que vous avez fait jusque là ne peut buter sur un dernier obstacle. Vous avez la volonté, vous avez les interlocuteurs, et surtout vous avez ce que personne ne peut vous enlever : la dignité. Cette dignité qui vous a permis de soulever des montagnes, et de tracer un chemin là où tout le monde vous avait prédit une impasse. Je veux vous dire enfin à tous que le mouvement que vous avez enclenché ne vous concerne pas seulement vous, qui êtes pourtant directement touchés par l'affaire de l'usine Lustucru. Des millions de salariés vous ont observé, et vous observent encore. Ce que vous leur donnez à voir n'est pas seulement une leçon de courage, mais la preuve que le combat, quand il est mené avec intelligence et persévérance, ce combat paye. A l'heure où on nous rabâche les oreilles avec les « nécessaires adaptations » à la mondialisation libérale, à l'heure où notre gouvernement fait mine de vanter le volontarisme alors qu'il dérégule notre économie en permettant les délocalisafions, la lutte des salariés de Lustucru démontre qu'on peut sauvegarder des emplois et relancer une dynamique économique locale, sans passer la case délocalisation. Merci encore à Guy Queytan (militan PS), qui a beaucoup fait pour que je comprenne en détail les dessous de cette aventure, et pour que le Parti socialiste démontre son utilité, concrètement, sur le terrain. Merci à tous pour l'exemple que vous nous donnez. Et bon courage à toutes et à tous. Julien Dray. (porte-parole du Parti Socialiste) |